[Je tiens à préciser que cette histoire se fera à la 1ère et parfois 3ème personne. En RP, je ne fais que du texte à la 3ème personne.]
Un 18 Février ; il y a 16 ans de ça environ...
Cela aurait pu être un jour extraordinaire. Un jour merveilleux. Mais bien évidemment, la vie n'est pas un conte de fée. Surtout pas celle de Matt. Non, son monde ressemble à un théâtre géant et il n'est qu'un maillon dans cette énorme mascarade. Il va pourtant en sortir plus tôt que prévu, mais chut ! Faire allusion au futur de ce garçon maintenant serait le condamner. Si le grand M. Johnson savait ce qui allait arriver à ce moment-là, il partirait d'une rage folle et sans précédant. De toute façon, il faudrait d'abord qu'il soit présent alors que son fils venait de naître, ce qui n'était bien évidemment pas le cas. Il préférait tant passer son temps à idolâtrer son maître mégalomane ! Tellement plus passionnant que de voir son héritier pour la première fois. Au moins aurait-il sa mère auprès de lui, et c'est bien parce que c'est elle qui a dû lui donner la vie qu'elle était là. Sinon, elle serait sûrement occupée à chanter les mérites de son mariage à une de ses sœurs ou en train de commérer.
Matt fêtait ses trois ans à une drôle d'occasion. Autant que ses souvenirs lui permettait d'en dire aujourd'hui, c'était en présence d'une communauté peu reluisante. Quelques gamins, dont les mères ou les pères n'avaient strictement rien à faire, couraient dans les couloirs des lieux ou parlaient avec déjà une arrogance étonnante de leur famille et de qui ils étaient. Nullement question de l'anniversaire du petit garçon en somme. Matt regardait en biais son père, de loin, le regard terne planté dans un recoin d'une pièce, ses cernes manifestaient son manque de sommeil, motivé par une certaine inquiétude. Matt savait qui était son père, entendait souvent celui-ci claironner au sujet de son maître, parlant de pouvoir et d'un jour prochain qui arriverait. A trois ans, on y comprend strictement rien, comme on ne cherche pas à savoir pourquoi on se trouve là. Le petit garçon suivait juste son père partout, écoutant celui-ci comme il avait été éduqué pour, ce depuis que sa mère avait disparu de sa vie. Il ne se souvient ni de quand, ni du pourquoi. Il ne se souvenait de rien d'elle, ne posait jamais de question sur elle. Pour lui c'était devenu normal. Il n'avait aucune idée de ce à quoi ressemblait une famille équilibrée et se contentait de son père et des dingues de sa famille qui lui remplissait déjà la tête de bêtise en tout genre. Il ne fréquentait pas beaucoup d'enfants de son âge, pas même vraiment ceux de sa propre famille. Il ne savait même pas s'il y en avait pour commencer. Tout ce qu'il savait se limitait au bourrage de crâne qu'on lui faisait subir. Bon, à son âge, ce n'était que du blabla sur le sang et le prestige de sa famille.
Il ne savait donc pas que l'avenir de son père se jouerait très prochainement...
Et les années suivantes... - Matt POV
Je piquais encore ma petite crise. Maintenant, le besoin de savoir se montrait urgent pour moi. Fini de regarder en l'air les grandes personnes qui me tenaient à l'écart et me chantaient toujours les mêmes choses, je voulais savoir pourquoi telle chose devait se passer d'une telle façon. Mon caractère s'était quelque peu forgé, et les tendances au 'non', 'pas envie', 'pas question', 'jamais' et 'je ne veux pas' s'accentuaient. Une pointe de rébellion dans l'âme en somme. J'avais probablement ça en moi. Quoi qu'il en soit, la vieille folle qui venait me chercher encore une fois, me retirer à ce que je connaissais et ce sans rien me dire, ne me revenait pas du tout. Je la connaissais à peine et j'avais une très mauvaise opinion d'elle au début. A force, j'admettais bien l'aimer puisqu'elle m'accordait plus d'attention que mon père et répondait à la plupart de mes interrogations, mais j'étais irrité ce jour. Mon père avait encore disparut mystérieusement, et cette fois, c'était du long. Cela m'agaçait et je pouffais mes petites joues déjà bien trop rondes. Pourquoi une autre femme devait s'occuper de moi ? En était-il incapable ? Était-ce pour son ô si merveilleux maître qui n'existait que dans ses paroles pour moi ? Je détestais ce type, qui qu'il soit, il me donnait une vie misérable et agaçante, pleine de mensonges.
Me laissant tirer chez la voisine, j'écoutais ses paroles d'une oreille distraite. En gros, mon père n'était pas prêt de re-pointer. Il avait des problèmes et était en prison. Je lui devais au moins le fait de toujours me dire la vérité à cette bonne femme. Tout prendrait du sens un jour grâce à sa franchise. Peut-être me connaissait-elle plus que mon père pour m'accorder plus de confiance. Ou était-ce le fait qu'elle, elle n'était pas trop occupée à me faire avaler du blabla. La seule chose irritante venait des punitions, restrictions et de la morale qu'elle me faisait parfois. Cependant, tante - je l'appelais ainsi, au fil du temps - m'apprit plein de choses, me les expliqua. Aussi lui demandais-je en quoi un sang-pur était si prestigieux, en quoi les « sang-de-bourbes » étaient si mal - et tout de suite, elle me fit comprendre de ne plus jamais répéter cette expression si je tenais à devenir un jour un homme - et plein d'autres choses.
A dix ans, j'étais assez grand pour comprendre que mon père était en gros un escroc et un c****** - il n'y a pas d'autres mots - facile de comprendre également pour qui il se démenait, et très vite mon image de lui se dégrada. Petit déjà, je me plaignais de son manque d'implication mais maintenant... Je continuais à voir un peu ma famille de dingues et je m'en serais sûrement bien passé. Ma tante et moi en nous mettions d'accord, à chaque fois j'en disais le moins possible, hochais la tête à leurs bêtises et ne les faisais pas rester trop longtemps avec moi. De toute façon, ils n'avaient pas que ça à faire et ne venaient que pour mon père et au début, l'année suivant mes dix ans, j'étais sûr de ne jamais les revoir. Déjà parce que je les avais insulté selon eux et j'entrais à Poudlard. Et devinez où j'aurais dû atterrir. Et maintenant tentez d'imaginer la pire maison, suivant le dernier cas, dans laquelle je pourrais finir pour ma famille. Bingo, vous avez gagné, Gryffondor. Inutile de dire que je valais aussi bien que les rares sang-mêlés rayés de l'arbre généalogique. J'attends encore de voir mon portrait brûlé par un furieux sortilège ! Enfin, c'est peut-être déjà le cas, qu'est-ce que je peux en savoir après tout ? J'ai jamais vécu que chez ma voisine, et je préférais faire comme si je n'avais jamais connu ni mon père, ni les Johnsons. Si je les croisais sur mon chemin, j'évitais tout contact ou répondais, pour la forme, à quelques insultes. Je me rends bien compte que mon présent ne s'est joué qu'à l'emprisonnement de mon père près, mais je préfère croire que ça devait être comme ça. Je préfère croire que jamais je n'aurais pu être comme eux.
Parfois, je cauchemardais, enfant, du jour où mon père s'était fait arrêté. Je revoyais la scène, presque parfaite. Quelques fois, le scénario changeait et un jumeau prenait place à ses côtés alors que je me tenais en face d'eux avec ma tante à mes côtés. Mon jumeau et moi grandissions soudain et je me retrouvais face à un moi maléfique, je le voyais évoluer, les yeux rouges... D'autres moments, mon père revenait d'un coup et voyait ce que j'étais devenu, jurant que de toutes les manières, j'étais né sang-pur et agirait comme un jour, que j'avais ça dans le sang, que je deviendrai comme lui. Après, je me retrouvais à me débattre dans les ténèbres où la famille à laquelle je devais appartenir apparaissait, agrippant mes bras et me forçant à venir avec eux. A chaque fois, je me réveillais en sueur, essoufflé et dans une terreur que je ne comprenais pas. Tout cessa quand je me trouva une place à Poudlard mais jamais ces idées ne me quittèrent. Pour ça, je devais tout à celle qui m'avait éduqué. Je le savais. Mais je me devais beaucoup à moi-même, sans prétention. J'avais beaucoup subit durant ces périodes. Les harcèlements de ma famille, leur venin qu'il me crachait au visage, mon incompréhension quand ceux de mon sang m'affirmèrent qu'ils avaient honte de moi puis... vint le dégout. Je ne voulais définitivement pas leur ressembler, en arrivant à l'école, mes amis nés-moldus valaient souvent mieux que les sang-purs. Je n'avais rien perdu à devenir ce que j'étais.
C'est-à-dire un garçon courageux, ordinaire, qui ne se vante pas toutes les cinq secondes d'appartenir à une lignée débile et ridicule de sorciers au sang-pur, je m'efforce d'être honnête et ne m'amuse pas à faire pleurer les gens, je ne pense pas être pathétique ou ridicule, je ne me laisse pas influencer par des histoires que mon père et ma grand-mère chanteraient depuis des ans. Quand je me regarde dans une glace, je ne vois pas mon jumeau, celui de mon rêve. Je vois une allure fière, pas des épaules voûtées sous la honte et les vices. Je vois des yeux qui brillent d'une étincelle d'intelligence et de malice, non des yeux ternes et vides, ne laissant aucune trace d'une âme. Un sourire en coin, fier, à la place d'une moue descendue vers le bas, tirée. Ma peau est légèrement bronzée et non pâle de maladie, de manque de sommeil et de mauvais traitements. Mes cheveux sont coupés court mais à ma guise de les coiffer comme je le souhaite. Je suis plutôt fort et non amaigrit ou en sur-poids, comme quoi, une vie ordinaire ne nuit pas à la santé. Mon aura est chaleureuse et non glaciale...
Jamais, pour rien au monde, je ne laisserai quelqu'un encore une fois influencer ce que je suis. Jamais.
Peut-être que le temps me fera mentir...