La première chose à dire est que Jolene n'est pas une fille très féminine. Il faut dire que son physique ne l'y aide pas beaucoup. En général à 17 ans, toute les filles commencent à avoir une poitrine bien marquée, des hanches sensuelles... Ce n'est pas son cas ! Elle est plate comme une limande, sa poitrine est quasiment inexistante, ce qui lui permet de faire des économie de soutien gorges, mais ne lui permet guère de frimer avec des petits haut en dentelles.
Mais pour dire vrai, cela ne la complexe pas le moins du monde. Pour dire vrai, elle est même plutôt contente de ne pas être encombrée. Cela lui permet de se mouvoir sans gêne, pas forcément toujours avec grâce. En fait, Jo' a tendance à ne pas vraiment faire attention à l'image qu'elle dégage. C'est sans doute pour cela qu'elle ne se gêne pas pour porter des vêtements trop larges, pas forcément toujours assortis. Il n'est pas rare qu'un élève dans une inattention la prenne pour un garçon. Cela la fait rire. Pourquoi lui en vouloir ? Elle n'avait rien des manières féminines, pas de manière, pas de raffinement forcé, pas de superficialité. Et ce ne sont pas ses cheveux bruns coupés courts en bataille qui font dire le contraire ! Qui plus est, pour elle, les vêtements doivent être pratiques et peu salissant, difficile dans ces conditions de devenir une gravure de mode !
Mais Jolene a tout de même quelques charmes, son naturel est d'ailleurs bien souvent un avantage, car dépaysant. Ensuite, son visage lui est rayonnant. Son sourire est comme un soleil, ses lèvres pulpeuses ne demandent qu'à être embrassées. Son teint légèrement ambré donne envie de caresser sa peau douce et délicate que l'acné a épargnée. Et son regard ! Ces yeux noisettes pétillants de malice qui dévorent le monde avec envie, qui rient de tout, ne sont-ils pas beaux ?
C'est cela qui est paradoxale avec elle, elle n'est qu'une fille maigrichonne et en même temps, elle irradie de charmes. Au final, ce qui rend Jolene si attirante, ce n'est pas forcément son corps seul, mais plutôt l'impression qu'elle laisse, cette sensation de joie et de mise en confiance.
Ce qui caractérise avant tout Jolene, c'est une joie de vivre communicative. Elle a presque toujours le sourire aux lèvres. Certains trouvent cela exaspérant, tant de bonne humeur et d'optimisme. Pour elle, cela semble naturel. A quoi bon s'apitoyer ? La vie est trop courte pour la vivre en ruminant ! Mieux vaut la dévorer à pleines dents en espérant que le lendemain soit encore meilleur. Sans doute est-ce aussi pour cela que Jolene a développé un grand sens de l'humour, de la dérision et qu'il est rare de ne pas l'entendre une bonne dizaine de fois rire aux éclats pendant une journée.
N'allez pour autant pas croire que Jolene soit une potiche qui se contente de rire bêtement. Non, ce serait une grossière erreur. Tout d'abord, Jolene n'est pas bête, et même si son intelligence ne rivalise pas avec celle de son frère, on peut clairement dire qu'elle est particulièrement débrouillarde, comprenez par là, qu'elle réussit à se sortir des faux pas, même si les méthodes sont parfois surprenantes. Il faut dire que la jeune fille a toujours eu de l'imagination. Cela lui vaut de passer pour une grande rêveuse, ou une folle. Mais elle s'en fiche pas mal.
Cela aussi est à noter, Jolene se fiche de ce que pensent les autres. Elle réussit à faire abstraction d'eux. On peut rire d'elle, l'insulter, elle ne répond bien souvent que par l'ignorance. Ou alors quelques petites phrases bien placées, car elle ne manque pas de répartie. Mais avant qu'elle n'ait un mot méchant, il faut l'avoir grandement provoqué. La violence gratuite, elle n'apprécie pas, il faut donc la pousser à bout pour qu'elle en use de quelque façon que ce soit. En revanche, il est très rare qu'elle utilise autre chose que les mots pour se défendre. Elle préférera encaisser les coups que les rendre. Certains disent que c'est de la lâcheté, mais cela vient surtout d'une profonde aversion pour la violence. Elle ne veut pas devenir comme ceux qu'elle méprise.
C'est d'ailleurs cette peur qui l'empêche d'apprécier des sports comme le quidditch, pour elle, cela n'est qu'une transposition de la violence. Par contre, mettez la devant un jeu d'échec, elle sera très heureuse. Le calme lui sied mieux que la liesse des foules. De façon général, elle n'apprécie pas trop la foule, la masse, elle la trouve trop dangereuse, trop manipulable. Elle préfère chaque individu mis à part, elle ne fonctionne pas par amalgame de groupe. C'est sans doute cela qui la pousse à croire que le système des maisons de Poudlard est absurde, qui la pousse à aller vers toutes ces autres individualités qu'ils portent du bleu, du rouge ou du vert. Oui, Jolene est très sociable, mais n'accorde pas facilement sa confiance. Il faut du temps pour obtenir celle-ci, pour en savoir plus sur son passé, ses envies, ses rêves, son amour des jolies filles plutôt que des beaux garçons.
Rire avec quelqu'un ne sous-entend pas le connaître.
L'infidélité, sans doute le péché le plus banal, le plus commun, le mieux accepté. Le plus drôle, c'est qu'il n'épargne personne. On a beau avoir la magie au bout d'une baguette, certains ne peuvent s'empêcher d'en utiliser une autre, pour un usage bien différent, en dehors d'une relation maritale. C'est ce que faisait régulièrement Lysander Adam Thompson, sorcier de sang pur, réputé dans le monde magique, haut responsable au ministère de la Magie. Pour plus de discrétion, il avait ses habitudes auprès de quelques moldues. Au moins, il s'assurait l'anonymat. Et puis, nul besoin d'avoir une relation stable. Il choisissait parmi ses options. Avec son physique, son baratin, sa prestance, ne doutez pas qu'il avait le choix ! Ce soir là, il décida d'aller voir de nouveau cette chère Judith, auprès de qui il avait arrêté ses visites sous prétexte d'un long voyage d'affaires.
Il sonna. La porte s'ouvrit. Le visage de la femme ne s'illumina pas en le voyant. Au contraire. Une gifle s'abattit sur sa joue. La porte se referma. Puis s'ouvrit à nouveau. Mais la femme n'était pas seule. Dans ses bras trônait un petit nourrisson. Elle le mit dans les bras de l'homme avec autorité.
«
Tiens, récupère la preuve de ta stérilité. Je suppose que ce n'est pas la seule chose sur laquelle tu aies menti. Alors, tu la récupères, tu en fais ce que tu veux, mais je renonce à mes responsabilités. Pauvre con ! »
La porte claqua. Rien ne la fit rouvrir. Elle s'était définitivement fermée. Laissant l'homme face à la preuve de sa culpabilité : un visage souriant et gazouillant.
Cent fois il essaya d'abandonner l'enfant. De la laisser devant une porte. Devant un orphelinat. N'importe où. Mais à chaque fois son regard le retint. Il n'y arrivait pas. C'était sa fille, sa chair, sa lignée. Il ne pouvait se résoudre à l'abandonner.
L'homme arriva devant sa maison sous la pluie, le petit être collé contre lui. Il la protégeait de la pluie. Son épouse l'attendait. Elle s'inquiétait de ne pas le voir rentrer. Elle regretta de le voir à nouveau en entendant le nourrisson pleurer.
Jolene fut donc adopté par la famille Thompson. Pour Dolly Thompson, cette enfant devint la preuve vivante des infidélité de son mari. Pour Lysander Thompson, cette enfant devint la preuve vivante de la culpabilité que sa femme faisait peser sur lui. Pour Kieran Thompson, cette enfant devint la sœur que ses parents n'avait jamais voulu lui donner. Il n'y avait qu'une seule et unique personne qui voyait cette arrivée d'un bon œil. Il avait alors déjà huit ans, savait déjà qu'il allait rentrer à Poudlard.
Chaque seconde que Kieran avait, il la passait à s'occuper du bébé rigolard qui égayait la maison. Il vit ses premier pas. Il fut celui qu'elle appela d'abord « papa » puis Kiki. Elle ne connaissait que lui, tous les autres n'étaient que des figurants.
Avec le temps, ce phénomène ne s'arrangea pas vraiment. Rendant la relation avec ses parents conflictuelle, électrique. Pourtant, Jolene n'était pas une enfant très compliquée, il semblait qu'elle ne faisait cela que pour eux, être insupportable, forte tête et rancunière. Et à chaque fois que son frère revenait de Poudlard, elle redevenait un petit ange. Cela dura jusqu'à ce que Jolene entre elle aussi dans l'école des sorciers. Son frère venait lui de quitter l'école sous les félicitations. Il avait été l'un des élèves de Serdaigle des plus brillants. Il devint Auror.
Jolene, elle, n'avait pas son talent, son intelligence, sa tempérance, c'est à Poufsouffle qu'elle fut envoyée. Et elle ne regretta rien ! Elle s'épanouissait tellement bien parmi ces gens tous différents et sympathique. Elle ne devint pas une élève brillante, ni une mauvaise, le juste milieu en somme. Et même avec un travail acharné et assidu, elle se hissa même sur le haut du panier. Mais ce qui lui faisait toujours autant plaisir, c'était passer du temps avec son frère. Leur relation était restée fusionnelle malgré les distance et leurs difficultés pour se voir, l'un n'ayant que peu de temps entre ses voyages, l'autre peu de vacances.
«
Alors sœurette, ça planche dur ? »demanda-t-il en se penchant au dessus de son épaule.
Jolene sursauta surprise. Puis bondit pour serrer son frère dans ses bras. L'embrasser. Il était revenu ! Quelle chance ! Ils discutèrent des heures, rirent. L'un et l'autre racontaient leurs aventures. Jolene riait des anecdotes de voyage de son frère. Lui de la capacité de sa sœur à s'attirer quelques ennuis à l'école. Sa main ébouriffait les courts cheveux de sa sœur. Elle lui rappelait comme il était lâche, qu'il était incapable de lui expliquer qu'il n'était pas sûr de la revoir une autre fois, que l'avenir était incertain.
«
Jolene, je serai toujours là pour te protéger, tu le sais ? »
Un rire.
«
Pourquoi tu dis ça ? Bien sûr que je le sais ! Allez, arrête de faire cette tête, on va faire quelques passes dehors ? »
Ce que Jolene ne savait pas, c'est que ce soir là, fut le dernier où elle vit son très cher frère. Il y a de cela six mois. Depuis, elle est retournée à Poudlard pour son avant dernière année, bien décidée à trouver des nouvelles de son frère.